Les États-Unis ont lancé un appel à un renforcement de la coopération sécuritaire entre l’Alliance des États du Sahel (AES) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), malgré la sortie récente du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
Jeudi 7 août, Dorothy Shea, représentante américaine par intérim aux Nations Unies, a exhorté les pays du Sahel et leurs voisins à « dépasser leurs divergences » pour mener une lutte unie contre le terrorisme, dans le respect des droits fondamentaux et de l’État de droit.
Lors d’une séance du Conseil de sécurité consacrée à la paix en Afrique de l’Ouest, Mme Shea a fermement condamné les attaques récentes menées par plusieurs groupes terroristes, dont le Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), l’État islamique au Sahel et Boko Haram.
Ce discours intervient dans un contexte de crise institutionnelle majeure, avec le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Cédéao, qu’ils accusent de collusion avec la France. Ces trois pays ont fondé une nouvelle organisation, l’Alliance des États du Sahel, dotée de ses propres symboles et structures.
Malgré ces tensions, des négociations sont en cours entre la Cédéao et l’AES. Une première rencontre a eu lieu en mai à Bamako, suivie début août d’un appel du président de la Cédéao, Julius Maada Bio, pour intensifier le dialogue.
L’ONU joue un rôle clé dans ce processus, avec le Bureau pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) en médiateur. Dorothy Shea a aussi alerté sur les risques déstabilisateurs liés à la guerre civile au Soudan, notamment la circulation d’armes et la porosité des frontières.
Sur le terrain diplomatique, les États-Unis multiplient les gestes vers les pays sahéliens. En juillet, un haut responsable américain s’est rendu au Mali pour discuter d’une coopération renforcée contre le terrorisme. Des échanges similaires ont eu lieu au Burkina Faso et au Niger, malgré des tensions persistantes, notamment sur les restrictions à l’équipement militaire et les visas.
Cette offensive américaine intervient alors que la France voit son influence décliner dans la région, accusée par plusieurs États sahéliens de tentatives de déstabilisation. Parallèlement, ces pays renforcent leurs liens avec la Russie, notamment via l’envoi d’instructeurs militaires.
Toutefois, la diplomatie américaine reste ambivalente, combinant volonté de rapprochement et maintien de sanctions indirectes, illustrant la complexité des enjeux géopolitiques au Sahel.