À moins de trois mois du scrutin du 25 octobre, le ton monte dans la bataille politique ivoirienne. Lors des célébrations du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance, Tidjane Thiam a rompu avec la tradition des discours consensuels.
Le président du PDCI a livré un véritable réquisitoire contre le régime d’Alassane Ouattara, qu’il accuse de mener une « machine infernale » faite d’exclusion, d’arrestations et d’intimidations.
« L’heure est grave », lance l’ancien banquier, dénonçant une vague d’arrestations d’opposants à l’approche d’un scrutin « décisif pour l’avenir du pays ». Son appel est sans détour : « Libérez-les. Il n’est pas trop tard pour éviter à la Côte d’Ivoire de replonger dans un passé que tous veulent oublier », en référence aux violences post-électorales de 2010-2011.
Thiam évoque également les « enlèvements » de jeunes en pleine rue et le centre de détention de Sebroko, « nom redouté des Ivoiriens », avant de marteler : « Arrêtez. Les Ivoiriens n’en peuvent plus. »
Dans son camp, l’opposition bénéficie d’alliés inattendus. La Conférence épiscopale, dans une lettre publiée le 29 juillet, dénonce « l’amateurisme » de l’administration électorale, ainsi que la fraude, la corruption et les violences. La Fédération évangélique réclame, elle, « une élection ouverte à tous, sans élimination préalable ».
Le candidat du PDCI élargit ses attaques à la scène internationale, rappelant que le pouvoir actuel « est arrivé grâce à une ingérence extérieure », une allusion directe à la France et à l’ONU en 2011. « Si vous choisissez le court terme et les intérêts particuliers, le tribunal de l’Histoire vous jugera », avertit-il.
Pour Thiam, le régime Ouattara est désormais un « pouvoir usé, corrompu, sous perfusion et à court d’idées ».