À trois mois de la présidentielle, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) monte au créneau. Le 24 juillet, la formation politique dirigée par Tidjane Thiam a catégoriquement rejeté toute implication dans un projet de Conseil national de transition (CNT), et dénoncé l’arrestation de six de ses jeunes militants dans des conditions jugées troubles.
« Il n’y a pas de projet de CNT. Le PDCI n’est pas dans ces schémas », a affirmé Me Blessy Chrysostome, responsable de la veille juridique du parti, lors d’une conférence de presse. Une réponse directe aux accusations du ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani, qui a évoqué une supposée volonté de l’opposition de remettre en cause le processus électoral.
Cette déclaration intervient alors qu’un climat de tension politique s’installe dans le pays. Le PDCI s’inquiète particulièrement de l’interpellation de six militants : Henri Joël N’Dri Kouadio, Jean-Paul Djabia Kouakou, Axel N’Guetta, Emmanuelli Blé, et deux autres non identifiés. Ces derniers auraient été arrêtés par des individus en civil, dont l’identité et la qualité restent floues.
Me Blessy parle d’un « rapt » et dénonce une procédure « illégale » qui intervient à quelques semaines du scrutin. « Le PDCI s’insurge contre ces pratiques qui altèrent l’État de droit », a-t-il déclaré. L’avocat s’interroge sur la légitimité des interpellateurs, qui n’auraient présenté aucun signe d’appartenance aux forces de l’ordre. Il affirme que les accusations portées contre les jeunes militants ne sont pas clairement établies.
« Si n’importe qui peut interpeller dans la rue, alors c’est la chienlit », a lancé Me Blessy, appelant le Procureur de la République à se saisir de l’affaire. Selon lui, le caractère flou des arrestations rend « nulles » toutes procédures judiciaires engagées. Le parti entend saisir les organisations de défense des droits de l’homme ainsi que les chancelleries étrangères.
Face aux soupçons du RHDP, le PDCI réaffirme son engagement dans le cadre républicain. « Il ne saurait être question d’un CNT bis. Le PDCI n’empruntera aucune voie parallèle pour accéder au pouvoir », a insisté Me Blessy. Une prise de position qui tranche avec l’attitude de certains partis de l’opposition en 2020, alors qu’un CNT avait été mis en place pour contester le troisième mandat d’Alassane Ouattara.
« Ces arrestations n’ébranlent en rien notre parti. Nos militants ne cèdent pas à la peur », a ajouté l’avocat. Bien que son président, Tidjane Thiam, soit actuellement à l’étranger, le PDCI assure que ses structures fonctionnent normalement. « Il dirige toujours le parti, peu importe sa position géographique », a-t-il souligné.
À l’approche du scrutin présidentiel, les tensions entre le pouvoir et l’opposition se ravivent. Pour le PDCI, l’affaire des six militants illustre une tentative d’intimidation. Le parti appelle les autorités à garantir un climat apaisé et à éviter toute manœuvre susceptible d’effrayer la population. Dans un contexte électoral de plus en plus sensible, le PDCI dit miser sur une alternance démocratique, par les urnes et dans la paix.