À moins de trois mois de la présidentielle d’octobre 2025, le flou persiste autour de la candidature de Paul Biya. Une récente déclaration du ministre de la Communication, René-Emmanuel Sadi, a relancé les spéculations sur l’avenir politique du chef de l’État, âgé de 92 ans.
Invité sur les ondes de Radio France Internationale (RFI), le ministre a surpris en évoquant une possible nouvelle candidature du président. Interrogé sur la participation de Paul Biya au scrutin, il a répondu : « C’est du 50/50. » Une formule laconique, mais révélatrice d’une atmosphère d’incertitude qui domine le sommet de l’État.
Au pouvoir depuis 1982, Paul Biya reste une figure centrale du paysage politique camerounais. Son long règne, souvent qualifié de monarchique, semble aujourd’hui à un tournant. La prudence de son entourage et l’absence de déclaration officielle sur ses intentions nourrissent les spéculations. Le RDPC, parti au pouvoir, paraît suspendu à la décision d’un homme dont le silence devient stratégique.
Le climat politique s’est davantage tendu avec les départs de Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, deux anciens ministres de poids. Bien que qualifiés de « personnalités respectables » par René-Emmanuel Sadi, leur sortie du gouvernement révèle des tensions internes. Le ministre a minimisé l’impact de ces départs, les qualifiant d’« événements regrettables, mais non dramatiques », tout en assurant que le RDPC reste « fort, structuré et prêt à affronter les prochaines échéances ».
Pour autant, ces mouvements pourraient annoncer de profonds repositionnements, voire ouvrir la voie à une lutte de succession, si Paul Biya décidait de se retirer. René-Emmanuel Sadi a par ailleurs tenu à rassurer sur l’état de santé du président : « Sa mémoire est intacte, sa connaissance des dossiers impressionnante », a-t-il affirmé, balayant les critiques liées à l’âge avancé du chef de l’État.
Mais ces déclarations ne suffisent pas à lever les incertitudes. Au contraire, elles participent à entretenir une stratégie du flou, caractéristique du pouvoir en place.
Pour l’heure, le président Biya n’a rien annoncé. Le RDPC allègue respecter les délais légaux, laissant entendre que l’ultime décision lui appartient. René-Emmanuel Sadi a même évoqué « la possibilité d’un revirement », sans plus de précisions, entretenant ainsi le suspense.