La relation entre la Chine et le Niger autour du pétrole est actuellement tendue.
Courant le mois de mai en cours, le ministre nigérien du Pétrole leur a adressé aux sociétés chinoises partenaires dans l’exploitation du pétrole plusieurs courriers.
Dans un courrier adressé à la société chinoise CNPC, le ministre nigérien du Pétrole, Sahabi Oumarou, a dénoncé un « mépris manifeste » de la réglementation nationale en matière d’emploi. Il exige désormais la résiliation des contrats de travail de tous les expatriés présents dans le pays depuis plus de quatre ans, et ce, avant la fin du mois.
Cette décision vise notamment les employés de la Soraz, la raffinerie de Zinder cogérée par la CNPC, où plusieurs dizaines d’expatriés chinois seraient concernés, selon des cadres internes à l’entreprise. La mesure, si elle est appliquée strictement, pourrait impacter le fonctionnement de sites stratégiques pour l’économie nigérienne.
Vers un traitement au cas par cas
Conscient des enjeux industriels, le ministre Oumarou s’est dit prêt à examiner certaines situations individuellement, afin de ne pas compromettre l’activité de la raffinerie ni de provoquer une rupture dans la chaîne d’exploitation pétrolière. Cette ouverture partielle intervient dans un climat déjà chargé.
Il y a deux mois, les directeurs de la CNPC, de Soraz et de la société Wapco avaient été expulsés du territoire nigérien, marquant un tournant dans les relations économiques sino-nigériennes. En toile de fond, une crise de confiance entre Niamey et ses partenaires chinois, que le gouvernement accuse de manquer de transparence et de contourner les obligations fiscales et sociales.
Enjeux fiscaux et souveraineté économique
Les autorités nigériennes reprochent également à la CNPC des arriérés d’impôts, qu’elles cherchent à recouvrer dans le cadre d’une reprise en main du secteur extractif. La société chinoise avait pourtant consenti une avance de 400 millions de dollars en 2024, censée soutenir le financement des projets d’infrastructure pétrolière, notamment le pipeline Niger-Bénin. Un geste que certains observateurs perçoivent comme une tentative de maintenir l’influence de Pékin dans le pays.
Mais Niamey, depuis la transition militaire de 2023, affirme sa volonté de reprendre le contrôle de ses ressources naturelles. La révision des contrats pétroliers, exigée par les nouvelles autorités, s’accompagne d’un appel clair à nationaliser davantage les postes clés dans les entreprises opérant sur le sol nigérien.