Le corps d’Alino Faso, activiste burkinabè décédé en détention à Abidjan, sera rapatrié ce lundi 18 août 2025 à Ouagadougou. L’arrivée est prévue à 14 h 25 à l’aéroport international, trois semaines après sa mort dans des circonstances qui continuent d’opposer le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire.
Âgé de 27 ans, Alino Faso, figure connue pour ses critiques virulentes contre le pouvoir ivoirien, avait été arrêté pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Sa mort, annoncée d’abord sur les réseaux sociaux le 27 juillet, trois jours après la découverte du corps, a immédiatement suscité la colère de Ouagadougou. Le gouvernement burkinabè parle d’un « assassinat crapuleux » et promet que le décès du cyberactiviste « ne restera pas impuni ».
Des versions qui s’affrontent
À Abidjan, les autorités maintiennent la thèse du suicide. Le procureur Oumar Braman Koné a affirmé sur la chaîne NCI que le détenu bénéficiait de conditions « privilégiées » : repas choisis, télévision et sécurité renforcée.
Des arguments rejetés par Ouagadougou, qui dénonce le silence initial des autorités ivoiriennes et une gestion jugée opaque de l’affaire.
Une crise diplomatique ouverte
Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Jean-Marie Traoré, a convoqué la représentante ivoirienne pour exiger « la vérité complète » sur les circonstances de la mort. Cette démarche inhabituelle illustre la gravité de la crise entre les deux capitales.
Ce différend intervient dans un contexte déjà tendu : les pays de l’Alliance des États du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger), en rupture avec la Cédéao, multiplient les gestes de défiance vis-à-vis des pays côtiers. La mort d’Alino Faso pourrait accentuer la fracture régionale et freiner les tentatives de dialogue.
En attendant, le Burkina promet des obsèques « dignes » à son ressortissant. Mais au-delà de l’hommage national, ce rapatriement symbolise une affaire qui menace de se transformer en véritable contentieux diplomatique entre Ouagadougou et Abidjan.
