Au Mali, les autorités de transition ont décrété, mercredi 7 mai, la suspension immédiate de toutes les activités politiques sur l’ensemble du territoire national. Une décision annoncée en Conseil des ministres et justifiée par des « raisons d’ordre public ».
Le décret vise non seulement les partis politiques légalement constitués, mais également toutes les associations et organisations à caractère politique. La mesure intervient à deux jours d’une manifestation prévue par l’opposition, dans un climat politique marqué par une montée des tensions.
Le week-end précédent, des incidents ont éclaté au Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba à Bamako. Des opposants affirment avoir été agressés par des groupes violents, accusés d’avoir pénétré de force dans l’enceinte pendant la nuit du 2 au 3 mai. Plusieurs participants disent avoir été brutalisés, puis évacués par les forces de l’ordre.
Cette suspension intervient alors que le gouvernement malien vient d’adopter un projet de loi controversé visant à abroger la Charte des partis politiques de 2005 et le Statut de l’opposition de 2015. Ce texte, issu des concertations nationales d’avril 2025, prévoit la suppression des partis existants, la fin du financement public et la disparition du statut de chef de file de l’opposition.
Le projet impose également des conditions drastiques pour la création de nouveaux partis, dont une caution de 100 millions de FCFA. Une exigence dénoncée par l’opposition comme une tentative d’étouffer le pluralisme politique.
En toile de fond, les recommandations issues des concertations suggèrent aussi la possibilité pour le général Assimi Goïta, actuel chef de la transition, de briguer un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable, à l’image des régimes voisins membres de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Avant cette décision, les partis d’opposition réclamaient la fin de la transition d’ici au 31 décembre 2025, un calendrier clair pour le retour à l’ordre constitutionnel, ainsi que la libération des détenus d’opinion et le retour des exilés politiques. Ils menaçaient aussi de poursuites contre les auteurs de toute « manipulation de la Constitution ».