Emmanuel Macron a annoncé jeudi que la France reconnaîtra l’État de Palestine en septembre prochain, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies. Une décision symbolique et diplomatique forte, censée relancer la solution à deux États dans un contexte de tensions extrêmes au Proche-Orient.
« Fidèle à son engagement pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’État de Palestine », a déclaré le président français sur les réseaux sociaux. Cette reconnaissance officielle sera accompagnée d’une conférence internationale, coprésidée avec l’Arabie saoudite, réunissant chefs d’État et de gouvernement autour du processus de paix.
Prévue initialement en juin, cette rencontre a été reportée en raison du conflit entre Israël et l’Iran. Une réunion ministérielle préparatoire se tiendra à New York les 28 et 29 juillet.
Vives réactions d’Israël et des États-Unis
La décision française a aussitôt suscité une vague de critiques à Jérusalem et Washington. Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a accusé Paris de « récompenser la terreur », en référence à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a fait près de 1 200 morts côté israélien. « Les Palestiniens ne veulent pas un État aux côtés d’Israël, mais à sa place », a-t-il martelé.
Les États-Unis, proches alliés d’Israël, ont, eux aussi, rejeté cette initiative, qualifiée « d’imprudente » par le secrétaire d’État Marco Rubio. Il y voit un affront aux victimes des attaques du Hamas.
Soutiens arabes et divisions européennes
À l’inverse, la décision française a été saluée par plusieurs acteurs du monde arabe. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a parlé d’un « pas historique », tandis que le Hamas a encouragé d’autres nations à suivre cet exemple. L’Arabie saoudite a qualifié cette reconnaissance « d’historique ».
Dans une lettre au président Mahmoud Abbas, Emmanuel Macron s’est engagé à mobiliser les partenaires internationaux en faveur de cette reconnaissance. Abbas, de son côté, a promis des élections en 2026 et la démilitarisation du Hamas dans le cadre d’un futur État palestinien.
Si plusieurs pays européens comme l’Espagne, l’Irlande, la Norvège ou la Slovénie ont reconnu la Palestine ces derniers mois, l’Union européenne reste divisée. L’Allemagne considère qu’une telle reconnaissance à ce stade enverrait un « mauvais signal ».
Contexte humanitaire critique à Gaza
Cette annonce intervient alors que les négociations de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Doha ont échoué, selon un émissaire américain. À Gaza, plus de deux millions de civils vivent toujours sous blocus, privés d’aide humanitaire.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé la tenue d’un entretien d’urgence avec ses homologues français et allemand pour coordonner une réponse face à la crise humanitaire.
Réactions politiques en France
En France, la décision divise le paysage politique. Jordan Bardella (Rassemblement national) y voit une mesure « précipitée » offrant au Hamas une légitimité « inespérée ». À gauche, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) salue une « victoire morale », tout en regrettant qu’elle ne soit pas immédiate.
À ce jour, 142 pays ont officiellement reconnu l’État de Palestine, selon un décompte de l’AFP.