Rare dans les médias, le directeur général de la DGSE, Nicolas Lerner, s’est exprimé longuement sur LCI pour détailler les qualités essentielles d’un agent de renseignement.
Selon le patron du service de renseignement extérieur français, un « bon espion » doit avant tout faire preuve de ruse, de curiosité pour les faiblesses humaines, mais aussi de modestie et de prudence. « Un espion prend des risques, il en fait prendre à son pays et à son service. La modestie et le sang-froid sont donc indispensables », a-t-il expliqué.
Il insiste également sur la nécessité de savoir s’arrêter : « Il faut avoir la capacité de ne pas aller trop loin, de renoncer à une opération dès lors qu’existe le moindre doute sur sa réussite. » La curiosité et l’intérêt pour autrui constituent aussi, selon lui, des ressorts majeurs.
Nicolas Lerner rappelle qu’il n’existe pas en France d’« école de l’espionnage ». « On entre à la DGSE comme ingénieur, militaire, fonctionnaire ou contractuel. C’est seulement à l’intérieur que l’on choisit sa voie et que l’on se forme à devenir espion. »
Interrogé sur les méthodes de recrutement et de manipulation, il admet qu’un agent doit être « un peu manipulateur », capable d’amener une personne à trahir son pays où son entreprise au profit de la France. Pour cela, les leviers classiques demeurent : l’argent, l’idéologie, le charme et l’ego, connus sous l’acronyme MICE. Des mécanismes qui, observe-t-il, « restent d’une grande actualité, pour le meilleur ou pour le pire ».