Emmanuel Macron a levé un tabou historique. Dans une lettre adressée à Paul Biya et rendue publique le 12 août 2025, le président français a reconnu l’implication militaire de la France dans la répression sanglante des mouvements indépendantistes camerounais. Une première officielle qui marque un tournant dans les relations entre Paris et Yaoundé.
« La France a mené une guerre au Cameroun contre les mouvements insurrectionnels pendant la colonisation et après les indépendances de 1960 », écrit Macron. Une déclaration que ses prédécesseurs avaient soigneusement évitée.
Cette reconnaissance s’appuie sur un rapport d’historiens publié en janvier 2025, dirigé par Karine Ramondy et Blick Bassy. Leur enquête documente un quart de siècle de violences, de 1945 à 1971, visant notamment l’Union des populations du Cameroun (UPC).
Une guerre qui a continué après l’indépendance
Le chef de l’État admet que le conflit ne s’est pas arrêté en 1960. Il s’est prolongé, avec la « complicité active » de la France, balayant le mythe d’une décolonisation pacifique.
Parmi les épisodes les plus marquants : le massacre d’Ekitè, dans la nuit du 30 au 31 juin 1956, où des dizaines de civils et militants indépendantistes ont été tués.
Vers un apaisement historique
Cette prise de position s’inscrit dans un mouvement plus large de réexamen du passé colonial, après les dossiers rwandais et algérien. La volonté d’éclairer l’histoire camerounaise avait été annoncée lors de la visite de Macron à Yaoundé en 2022.
Pour Paris et Yaoundé, c’est l’amorce d’un dialogue fondé sur la vérité et la reconnaissance des responsabilités françaises dans cette page sombre. Une étape clé vers une relation plus transparente et apaisée.