À cinq mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le climat politique s’alourdit. Le débat diffusé ce vendredi 30 mai 2025 sur RFI entre représentants du RHDP, du PDCI et du PPA-CI a mis en évidence les profondes divisions entre pouvoir et opposition.
Mamadou Touré (RHDP), Soumaïla Bredoumy (PDCI) et Fabrice Lago (PPA-CI) ont abordé les principaux points de friction, notamment les radiations électorales. Plusieurs personnalités politiques, dont l’ancien président Laurent Gbagbo et l’ex-Premier ministre Guillaume Soro, ont été déclarées inéligibles. Des exclusions que l’opposition qualifie de manœuvres politiques.
« Ces décisions sont entièrement politiques, orchestrées pour affaiblir notre voix devant l’électorat », dénonce Soumaïla Bredoumy, porte-parole du PDCI. Le PPA-CI, par la voix de Steve Beko, déplore une instrumentalisation de la justice : « La démocratie ne peut pas s’épanouir dans des conditions où des leaders sont écartés sans débat. »
Face à ces accusations, le camp présidentiel défend la légalité des procédures. Mamadou Touré affirme que le dialogue politique a déjà permis des avancées et que « le pays doit désormais avancer ».
Mais l’opposition réclame davantage. Le PPA-CI insiste sur la nécessité de garantir des conditions électorales justes, et remet en cause la légitimité de la Commission Électorale Indépendante (CEI). Pour Fabrice Lago, « la CEI actuelle manque de crédibilité, et tant que cela perdure, les élections ne peuvent être considérées comme légitimes ».
Au-delà de ces tensions, l’opposition peine à afficher un front uni. Si la Coalition pour une Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI) regroupe plusieurs formations, elle ne compte pas le PPA-CI de Laurent Gbagbo en son sein. Une division que regrette Bredoumy : « Cette fragmentation affaiblit notre capacité à faire face au pouvoir, surtout lorsque des figures majeures sont exclues du processus. »
Alors que le RHDP semble déterminé à maintenir le cap, la perspective d’un quatrième mandat pour le président Alassane Ouattara alimente les critiques. Pour l’opposition, cette ambition va à l’encontre de l’esprit de la Constitution. Reste à savoir si le dialogue pourra encore jouer un rôle pour désamorcer les tensions et garantir un scrutin crédible en octobre prochain.