Une conversation privée entre le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Sansan Kambilé, et l’ancien président du Crédit Suisse, Tidjane Thiam, a été rendue publique sur les réseaux sociaux. La diffusion, attribuée à l’activiste pro-Thiam Dr Hugo, relance les débats autour du certificat de nationalité de Tidjane Thiam et pourrait entraîner des conséquences judiciaires.
Dans une vidéo, Dr Hugo accuse le président Alassane Ouattara de contrôler le dossier : « Même en étant militant RDR, il faut reconnaître que c’est Alassane Ouattara qui agit pour que ses rivaux restent candidats », affirme-t-il. Il ajoute que « la fuite de ces conversations montre qu’Alassane Ouattara refuse de délivrer à Tidjane Thiam son certificat de nationalité ».
Cette révélation survient alors que le climat politique reste tendu autour du certificat de nationalité de Tidjane Thiam. Pour certains observateurs, la divulgation de ces échanges fragilise encore la confiance entre institutions et acteurs politiques.
Au plan judiciaire, la loi ivoirienne sur la cybercriminalité prévoit des sanctions sévères pour la divulgation de correspondances électroniques privées. L’article 31 stipule notamment que « quiconque, de mauvaise foi, intercepte, détourne ou divulgue des correspondances électroniques » encourt jusqu’à cinq ans de prison et une amende d’un million de francs CFA. L’article 32 prévoit des peines complémentaires, dont l’interdiction d’exercer certaines fonctions et la confiscation du matériel utilisé.
Selon des sources proches du PDCI, les échanges entre Thiam et Kambilé sont authentiques, mais datent de 2022, alors que Thiam effectuait des démarches pour obtenir son passeport. À l’époque, il n’avait pas fourni tous les documents requis, ce qui explique que le certificat ait été délivré sur présentation de pièces incomplètes.
Dr Hugo s’expose désormais à des poursuites pour violation de correspondances privées. Reste à déterminer s’il a agi seul, avec l’accord de Thiam, ou dans une stratégie visant à nuire au ministre Kambilé.
