Mercredi, Tidjane Thiam a été élu président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principal groupe d’opposition du pays. Cette élection, qui s’est déroulée sans adversaire face à lui, vient deux jours après sa démission dans un contexte judiciaire tumultueux qui remettait en question sa légitimité à diriger le parti.
Le PDCI n’est pas étranger aux luttes de pouvoir en Côte d’Ivoire, et cette réélection ne résout pas l’énigme de l’inéligibilité de Thiam pour la présidentielle du 25 octobre. Ancien dirigeant de Credit Suisse, il se trouve en effet dans la tourmente, radié des listes électorales par un tribunal en raison de sa nationalité française. Son parcours est semé d’embûches, et la lutte pour sa reconnaissance prend une tournure sentimentale et politique à la fois.
« Le candidat Cheick Tidjane Thiam a obtenu 5 190 voix, soit 99,77 % », a déclaré Georges Ezaley, vice-président du PDCI, au terme d’un congrès extraordinaire qui a vu une participation notable de 92,7 %. Les applaudissements ont retenti dans la salle lorsque son élection a été confirmée, signe du soutien indéfectible des militants présents.
Thiam avait annoncé sa démission, affirmant subir un « harcèlement judiciaire » incessant. Ce retrait, bien que formel, visait à anticiper une possible invalidation de son élection de décembre 2023, marquée par des allégations contestées concernant sa nationalité. En effet, une militante du PDCI remet en question son éligibilité, arguant qu’il n’était pas ivoirien au moment du scrutin. Une audience sur cette affaire est prévue, mettant la pression sur le leader du PDCI.
L’esprit de résilience
En mars 2025, Tidjane Thiam a renoncé à sa nationalité française, renouant ainsi avec son identité ivoirienne, un geste symbolique fort qui a alimenté les espoirs de ses partisans. « Nous sommes convaincus qu’il sera candidat, et qu’il sera élu en 2025. Il n’y a pas de plan B », a affirmé Elisabeth Golli, militante du PDCI.
Pourtant, la réalité demeure que Thiam est toujours radié des listes électorales, et aucune révision n’est à prévoir avant le scrutin. D’autres figures de l’opposition, tout comme lui, sont également absentes de cette liste en raison de condamnations judiciaires. Une situation qui crée ainsi un panorama politique peu engageant pour ceux qui aspirent à un changement.
Selon Georges Ezaley cité par l’Ecgos, la réélection de Thiam est un« signal fort » face à un « système de harcèlement » dont celui-ci aurait été victime, dénonçant l’instrumentalisation présumée de la justice pour museler l’opposition. Les autorités, pour leur part, assurent que ces décisions relèvent d’un processus judiciaire indépendant.
Dans le sillage de cette dynamique politique, le président Alassane Ouattara, bien qu’encore en poste, n’a pas fait savoir s’il envisagerait une nouvelle candidature. Tandis que certains membres du PDCI, comme l’ex-ministre Jean-Louis Billon, s’apprêtent à se lancer en solo dans la course présidentielle, la scène politique ivoirienne s’annonce toujours aussi incertaine.
Ainsi, Tidjane Thiam, avec tous les défis qui l’entourent, devra naviguer à travers ce labyrinthe juridique et politique s’il espère réaliser son ambition de mener la Côte d’Ivoire vers un avenir qu’il considère plus radieux.