En Côte d’Ivoire, Boga Sako Gervais, enseignant-chercheur et militant des droits humains, est désormais visé par une ordonnance de gel de ses comptes bancaires. La décision, émise par le juge d’instruction du tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, section antiterroriste, s’inscrit dans une procédure judiciaire aux contours de plus en plus lourds.
Déjà placé sous contrôle judiciaire en juillet 2021, le militant voit les charges pesant contre lui s’alourdir. L’ordonnance RP 4661/20 fait état d’un dossier d’accusation particulièrement étoffé. Il est notamment soupçonné de « participation à un attentat » et de « complot contre l’autorité de l’État », des faits assimilés à la haute trahison.
À ces accusations s’ajoutent des infractions relevant du terrorisme : meurtres, vols avec violence en réunion, destructions de biens publics et privés, incendies de véhicules, pillages et blessures volontaires. Le volet politique de l’affaire mentionne également une implication supposée dans un « mouvement insurrectionnel » et l’organisation de « manifestations non déclarées ».
Ce faisceau de charges dresse, selon les autorités judiciaires, le portrait d’un militant perçu comme une menace à l’ordre public. Anticipant cette évolution, Boga Sako Gervais avait publié une vidéo depuis l’étranger le 18 juin 2025, soit six jours avant l’ordonnance. Dans cette déclaration filmée, il affirmait avoir quitté la Côte d’Ivoire face à une « menace imminente d’interpellation » et dénonçait une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
« Je n’ai reçu ni convocation, ni notification légale », assurait-il, redoutant une arrestation clandestine. Il évoquait aussi un échange avec le préfet de police d’Abidjan, après avoir reçu un message jugé menaçant.