Dans une lettre ouverte adressée aux Ivoiriens ce jeudi, l’ancien président Laurent Gbagbo a annoncé la création d’un nouveau mouvement citoyen baptisé « Trop c’est Trop ! », qu’il présente comme une réponse à ce qu’il décrit comme une dérive autoritaire du pouvoir en place.
Ce mouvement, selon lui, vise à rassembler pacifiquement les forces vives de la nation autour d’un projet de changement démocratique et social. « Je vous invite à rejoindre ce mouvement de changement pacifique et démocratique, pour bâtir une Côte d’Ivoire libre, juste et prospère », écrit-il.
Un mouvement citoyen, pas un parti politique
Président du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPACI), Gbagbo insiste sur le caractère apolitique de cette nouvelle initiative. « Trop c’est Trop ! n’est pas un parti politique, mais un outil transversal de mobilisation citoyenne », affirme-t-il. Ouvert à tous, le mouvement entend dépasser les clivages partisans pour devenir un espace d’expression des préoccupations populaires.
Sont notamment appelés à y participer : partis politiques, syndicats, associations, jeunes, femmes, enseignants, travailleurs précaires, paysans, artistes, chômeurs ou encore populations déguerpies. L’objectif : créer une plateforme d’expression forte et unie, capable de faire entendre la voix du peuple.
Répondre à un sentiment d’abandon
D’après l’ancien chef de l’État, le lancement du mouvement est le fruit de plusieurs mois d’écoute et de dialogue avec les citoyens. Il dresse un bilan sévère des quinze dernières années, qu’il qualifie de période d’autoritarisme marqué, durant laquelle les aspirations sociales et démocratiques auraient été « régulièrement ignorées ».
Il dénonce une situation socio-économique dégradée : pauvreté croissante, exclusion, inégalités, frustrations, désillusion. Pour lui, « Trop c’est Trop ! » se veut la réponse à ce sentiment d’abandon largement exprimé par les différentes franges de la société.
Deux grandes priorités
Le mouvement s’articule autour de deux axes majeurs. Le premier : une série de revendications sociales, notamment contre la vie chère, les déguerpissements abusifs, la précarité, l’instrumentalisation de la justice et la répression des opposants.
Le second : une défense ferme de la Constitution, avec un rejet catégorique de toute tentative de quatrième mandat présidentiel, qu’il juge contraire à la loi fondamentale et dangereux pour l’équilibre démocratique.
Un appel à l’unité
Laurent Gbagbo conclut sa lettre en lançant un appel à l’unité nationale. Il exhorte les Ivoiriens à dépasser les divisions politiques et les intérêts personnels au profit d’un combat commun : « Celui de notre liberté, de nos droits et de l’avenir de notre pays. Je vous le dis avec détermination : ce combat, nous allons le gagner. »