La ministre ivoirienne de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, Nasseneba Touré, s’est exprimée jeudi 10 juillet sur la possibilité d’une amnistie en faveur de l’ancien président Laurent Gbagbo. Invitée de l’émission Le Grand Talk, la cadre du RHDP n’a pas écarté cette éventualité, tout en appelant à une réflexion approfondie, compte tenu du passé récent du pays.
Laurent Gbagbo, investi candidat par son parti le 10 mai dernier pour la présidentielle d’octobre 2025, reste à ce jour inéligible. Bien qu’acquitté en 2021 par la Cour pénale internationale (CPI), il demeure radié des listes électorales, à la suite d’une condamnation en 2018 dans l’affaire dite du « casse de la BCEAO ». Seule une mesure d’amnistie permettrait son retour effectif dans le jeu politique.
Au cours de l’émission, la ministre a évoqué le cas du Sénégal, où le président Macky Sall a engagé un dialogue avec l’opposition après l’inéligibilité d’Ousmane Sonko. Ce dernier avait désigné un autre candidat, Bassirou Diomaye Faye, finalement élu président. Interpellée sur la possibilité d’un scénario comparable en Côte d’Ivoire, Nasseneba Touré a nuancé : « Le contexte ivoirien est atypique. Le Sénégal n’a pas connu de crise militaro-politique ni de crise post-électorale aussi grave que celle que nous avons vécue. »
Que reste-t-il du traumatisme d’Abobo ?
Elle a rappelé les violences post-électorales de 2010-2011, évoquant notamment la mort de sept femmes à Abobo, un épisode qui avait marqué l’opinion publique. « Ce ne sont pas des faits anciens. Le sang de ces femmes a été comparé à du bissap », a-t-elle déclaré, en soulignant la charge émotionnelle encore vive autour de ces événements.
L’affaire avait été portée devant la CPI, mais des zones d’ombre subsistent. En 2017, un expert médico-légal néerlandais avait révélé que les analyses ADN n’avaient pas permis de confirmer certains éléments à charge, semant le doute sur la solidité des preuves.
Malgré cela, la ministre a appelé à ne pas confondre réconciliation et impunité. « Si nous voulons une société plus juste et plus équitable, il faut tenir compte des attentes du peuple et veiller à ce que ces tragédies ne se reproduisent pas », a-t-elle conclu.