La Côte d’Ivoire a affirmé son engagement à éradiquer la fistule obstétricale d’ici à 2030, un objectif qui, bien que noble, nécessite une mobilisation financière considérable de 75 milliards de FCFA, soit environ 900 000 FCFA par patiente. Ce plan ambitieusement conçu vise à prendre en charge près de 77 000 femmes à travers le pays, une démarche qui a été dévoilée lors d’un petit-déjeuner de presse au Plateau, point de départ de la campagne régionale de lutte contre cette condition douloureuse.
Dr Honorée Kouamé, représentant la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, a souligné l’importance de cette initiative, rappelant que le Président Alassane Ouattara a élevé la lutte contre la fistule au rang de priorité nationale. Grâce à la collaboration de partenaires tels que l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population) et KOICA (Agence de coopération internationale de la Corée), plus de 4 400 femmes ont déjà bénéficié de traitements, et plus de 2 200 d’entre elles ont pu retrouver une place dans la vie économique et sociale.
Cependant, force est de constater que des défis persistent. « C’est une avancée majeure, mais il faut aller plus loin », a déclaré Dr Kouamé. Dans cette optique, la deuxième édition de la conférence Sud-Sud se tiendra du 12 au 24 mai à Abidjan, rassemblant des chirurgiens de 13 pays africains pour échanger des expertise et des compétences. L’initiative promet de traiter au moins 144 femmes et de former 23 chirurgiens, tout en renforçant la coopération régionale pour éliminer totalement cette tragédie.
Au-delà des interventions médicales, la campagne adopte une approche holistique. Elle s’appuie sur la mobilisation des ressources, la sensibilisation des communautés, et l’implication des collectivités locales ainsi que du secteur privé. L’objectif est de ne laisser aucune femme en retrait.
Dans cet élan, Dr Kouamé a lancé un appel vibrant aux médias, les qualifiant de véritables moteurs du changement. « C’est par vos plumes, vos caméras et vos micros que la voix des survivantes sera enfin entendue. Vous êtes les catalyseurs de l’action collective. » Cécile Compaoré Zoungrana, représentante résidente de l’UNFPA, a également rappelé que les médias ont un rôle primordial à jouer. « Vos reportages peuvent briser le silence, sensibiliser l’opinion et redonner espoir à des milliers de femmes. », souligne t-elle.
Cissé Sindou, président du conseil d’administration de MS-Média, a réaffirmé l’engagement du secteur médiatique à soutenir cette campagne de santé publique. La fistule obstétricale n’est pas qu’un problème de santé, elle est une tragédie sociale touchant environ 1 % des femmes en âge de procréer en Côte d’Ivoire, soit près de 74 000 personnes.
Depuis 2012, le pays a investi plus de 16 millions de dollars pour renforcer les capacités de son système de santé et traiter des milliers de cas. Cependant, pour atteindre l’objectif « zéro fistule » d’ici 2030, un financement supplémentaire est impératif. Cette mobilisation des ressources s’inscrit dans un cadre régional et international visant à éliminer cette maladie à la fois invalidante et stigmatisante.