Lors d’une conférence de presse tenue quelques heures avant l’ouverture du Festival de Cannes, Juliette Binoche, présidente du jury, a exprimé son inconfort face à l’étiquette de « monstre sacré » attribuée à Gérard Depardieu. « Ce n’est pas un monstre, mais un homme », a-t-elle indiqué, faisant référence à la désacralisation du célèbre acteur en raison des accusations d’agressions sexuelles qui ont été examinées par la justice.
Elle a également précisé que, selon elle, « la notion de sacré ne nous appartient pas ». Binoche a souligné que le sacré émerge lors de la création et du jeu artistique et a mis en avant les réflexions que suscite la désacralisation de certaines figures du pouvoir. « Cela pose des questions sur la domination exercée par certaines personnes », a-t-elle ajouté, notant que « le pouvoir, en ce moment, est ailleurs ».
« Notre révolution #Metoo a pris du temps, mais elle s’intensifie »
Actrice de renommée internationale et voix engagée, Juliette Binoche a récemment témoigné devant une commission d’enquête parlementaire française sur les violences dans le milieu culturel, incluant le cinéma, en réponse au mouvement #MeToo. Gérard Depardieu, 76 ans, a été reconnu coupable d’agressions sexuelles et a reçu, mardi à Paris, une condamnation de 18 mois de prison avec sursis pour avoir agressé deux femmes sur le tournage des « Volets verts » en 2021.
En réponse à une question sur la représentation croissante des femmes réalisatrices au sein du jury à Cannes, Binoche a noté que le Festival évolue en accord avec les transformations sociales et politiques actuelles. « Parfois, il joue un rôle précurseur, d’autres fois, il suit le mouvement, » a-t-elle déclaré, mentionnant que « la révolution #Metoo a mis du temps à se manifester, mais elle réagit de manière très forte récemment ».